Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/351

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que la Turquie armât son escadre, fît trève à son ressentiment contre le pacha de Bagdad, ordonnât au Grand-Visir d’en finir avec les Albanais et d’augmenter ses troupes.

Cette communication fut accueillie par le Divan avec faveur, mais non sans trouble. On lui proposait des résolutions hardies. Accoutumé à chercher auprès de l’internonce autrichien un appui ou des conseils, il se voyait poussé hors de toutes ses habitudes diplomatiques. Dans ses perplexités, il crut devoir s’adresser à lord Gordon, ambassadeur anglais, et il lui fit part des ouvertures du général Guilleminot. La démarche du Divan était justifiée par les marques de sympathie que se donnaient réciproquement à Constantinople, depuis la révolution de 1830, les Français et les Anglais. Naguère encore, une vaste tente avait été dressée, et, dans un repas somptueux, les deux peuples avaient fraternisé. Malheureusement, lord Gordon était tory et anglais dans l’âme. Son intention fut-elle de trahir la France ? Ou bien, ne fit-il qu’obéir aux habitudes de la diplomatie anglaise ? Quoi qu’il en soit, une dépêche adressée par lui à l’ambassadeur d’Angleterre à Vienne fut mise sous les yeux de M. de Metternich, qui écrivit à Paris pour se plaindre et menacer.

Les ambassadeurs étrangers se rassemblent aussitôt chez M. Sébastiani. Le ministre, vivement interpellé par eux sur la conduite de notre ambassadeur, conduite si peu conforme aux assurances pacifiques qu’on leur donnait, le ministre déclare que le général Guilleminot a désobéi aux instructions qu’on lui avait envoyées ; il se joint aux ambassadeurs