Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/352

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étrangers pour blâmer l’ardeur jalouse avec laquelle un représentant de la France a servi les intérêts de son honneur ; et, pour mieux prouver la sincérité de son indignation, il prend le parti de frapper le général Guilleminot d’une destitution éclatante et brutale.

La stupeur du général, quand il reçut son ordre de rappel, fut à peine égalée par sa colère. Une destitution ! et pourquoi ? S’il avait cru le gouvernement français capable de faire respecter ses plus solennelles déclarations ; s’il l’avait jugé assez soigneux de sa dignité pour ne pas revenir sur un ultimatum s’il avait ressenti, comme le maréchal Maison, l’injure dans laquelle le maréchal Maison avait vu l’imminence de la guerre…; étaient-ce donc là des crimes irrémissibles ? C’est aux gouvernements nouveaux, surtout, qu’est imposé le devoir de ne point faiblir : un ambassadeur français était-il donc si coupable d’avoir compris que, souvent, la fermeté n’est que le côté noble de la prudence ? Le général Guilleminot revint à Paris, le cœur ulcéré. Mais il ne sut ni obtenir justice ni tirer vengeance d’un gouvernement qui n’était fort que contre la France et contre lui-même.

Ces choses furent donc tenues dans l’ombre. Aussi bien l’importance des négociations diplomatiques disparaissait au milieu des préoccupations que la politique intérieure du nouveau cabinet avait enfantées. Casimir Périer tenait la France en haleine et la remplissait du bruit de ses violences. Il s’était absorbé, d’abord, dans le soin de raffermir le pouvoir. Jusqu’à lui, les fonctionnaires avaient