Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/353

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ménagé l’opinion : il leur enseigna le mépris de la popularité et les rangea sous une discipline sévère. Des attroupements menaçaient la tranquillité de la capitale il arracha aux frayeurs de la chambre une loi qui, après trois sommations, prescrivait le feu.[1] Une association nationale, dont les patriotes de Metz avaient fourni le plan et donné l’exemple, s’était formée à Paris, dans le but avoué de rendre à jamais impossible le retour des Bourbons, mais en réalité pour tenir la contre-révolution en échec ; et cette association publiait des listes qui se couvraient de signatures, elle avait une caisse qu’alimentaient une foule de cotisations mensuelles, elle dominait dans la presse, elle élevait à côté du gouvernement un gouvernement rival : Casimir Périer courut au parlement la dénoncer comme factieuse, il la combattit par une circulaire véhémente, destitua les fonctionnaires dont elle avait obtenu l’adhésion, et lui opposa, d’après un projet financier exposé par M. Henri Rodrigues, une association de tous les citoyens amis du pouvoir, ligue de préteurs dont il se déclarait en quelque sorte le chef. Appeler trente mille individus à réaliser un emprunt de cent vingt millions, en prenant chacun, et au pair, une inscription de deux cents francs de rente, tel était le système proposé par M. Henri Rodrigues. Il tendait manifestement à éloigner des emprunts l’intervention ruineuse des banquiers, à ébranler leur souveraineté avide ; et, sous ce rapport, il devait déplaire à Casimir Périer.

  1. Loi sur les attroupements adoptée par la chambre des députés le 2 avril 1831, et par la chambre des pairs le 9 avril de la même année.