Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/362

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Quoi qu’il en soit, et avant d’entrer d’une manière irrévocable dans l’ardente carrière ouverte leur courage, ces hommes hardis résolurent de confesser hautement leur foi. L’occasion en fut bientôt fournie à quelques-uns d’entre eux. À la suite des troubles de décembre, dix-neuf citoyens avaient été arrêtés, parmi lesquels MM. Trélat, Cavaignac et Guinard, tous trois jeunes encore, mais mûris par l’épreuve des persécutions. Lors du procès des ministres de Charles X, deux d’entre eux, MM. Guinard et Cavaignac, commandaient la deuxième batterie, dont M. Trélat faisait partie en qualité de simple artilleur. Et on les accusait d’avoir voulu substituer violemment la république à la monarchie. Sous le poids de cette accusation, seize citoyens[1] comparaissaient avec eux devant la cour d’assises dans les premiers jours d’avril. Des étudiants, des ouvriers, des hommes de toutes les conditions les attendaient aux portes de la salle d’audience. De nombreux détachements de gardes municipaux occupaient et l’intérieur et les abords du Palais de Justice. Les cours situées sous les voûtes étaient remplies de cavaliers. Quand les accusés parurent, mille bras s’agitèrent pour les saluer au passage ils étaient accompagnés de leurs avocats, républicains comme eux : MMes Marie, Dupont, Boussy, Plocque, Boinvilliers, Rittiez, Michel (de Bourges) ; et on remarquait avec sympathie la sérénité empreinte sur ces visages à la fois si nobles et si fiers. Sur le

  1. C’étaient MM. Sambuc, Francfort, Audry, Penard, Rouhier, Chaparre, Gourdin, Guilley, Chauvin, Pécheux d’Herbinville, Lebastard, Alexandre et Charles Garnier, Danton, Lenoble Pointis.