Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/363

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bureau étaient déposés des carabines, des pistolets et quelques paquets de cartouches.

Après une courte allocution du président, M. Hardoin qui crut devoir recommander le calme aux acteurs du drame judiciaire qui allait se dérouler, les interrogatoires commencèrent. Mais il était aisé de juger à l’attitude des prévenus combien ils comptaient sur l’ascendant de leur patriotisme et de leur intrépidité. Loin de songer à se défendre, ils attaquèrent, tour à tour amers et véhéments, ironiques et passionnés. Les débats durèrent plusieurs jours, et l’émotion du peuple allait croissant. On s’était armé contre les accusés d’un prétendu projet de complot formé, disait-on, sous le Pont-des-Arts : le ridicule de cette accusation fut mis en relief avec beaucoup de bonheur par un des témoins, M. Degousée. M. de Lafayette fut appelé, lui aussi, à la barre comme témoin ; et, à son aspect, toute rassemblée se leva par un mouvement spontané de respect et d’affection. Le vieux général venait protéger de sa présence et de son témoignage les prévenus, qu’il connaissait presque tous, et qui, tous, lui envoyaient, de leurs places, des gestes et des regards amis.

Ce procès donna lieu à des scènes d’un grand intérêt. Dans l’audience du 7 avril, le président ayant reproché à un des accusés, M. Pécheux d’Herbinville, d’avoir eu des armes à sa disposition et d’en avoir distribuée : « Oui répondit-il avec chaleur j’ai eu des armes, beaucoup d’armes, et je vais vous dire comment je les ai eues. » Alors, rappelant la part qu’il avait prise aux combats des trois