Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/382

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poursuivit Rosen au grand trot, à travers les villes de Minsk et de Kaluszyn, et porta jusqu’à onze mille le nombre des prisonniers. Inhabile à profiter de ses avantages, et ne sachant pas suppléer au nombre par l’audace des entreprises, Skrzynecki fut accusé d’indécision, et, en effet, il ne comprit pas le parti qu’il pouvait tirer de l’enthousiasme des Polonais victorieux et du découragement des Russes, que semblait lui livrer l’incapacité de Diébitch. Les troupes russes étaient tellement démoralisées par les revers imprévus qu’elles avaient essuyés, que le 10 avril ayant été attaquées au village d’Iganie par le général Prondzynski, elles se débandèrent ; et l’on vit l’élite de l’infanterie russe, ceux que l’empereur appelait les lions de Warna, depuis la guerre de Turquie, mettre bas les armes et jeter les aigles qu’ils arrachaient de leurs schakos, pour s’enfuir ou se rendre.

La victoire d’Iganie où l’on prit aux Russes 2500 hommes et quelques pièces de canon n’eut pas le résultat qu’on en pouvait espérer, à cause des lenteurs que mit le généralissime à exécuter le mouvement convenu. A chaque instant, Prondzynski s’attendait à le voir arriver de Siedlce par Bohimie, d’après le plan qu’avaient arrêté entre eux les deux généraux. C’en était fait du corps de Rosen, si au lieu de perdre un temps précieux à réparer les ponts du Kostrzyn, Skrzynecki eût débouché plus tôt de la forêt il eût coupé la retraite des Russes et détruit tout un corps d’armée.

Mais déjà un fléau plus terrible que la guerre allait fondre sur les Polonais. Venu des Grandes-