Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/490

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tant, et repousse avec indignation le reproche d’avoir favorisé l’émeute, reproche qu’il traite de lâche calomnie. M. Mauguin était entré au moment où finissaient ces vives récriminations. Il monte à la tribune à son tour, et s’emparant du rôle agressif, il dit ce qu’ont fait les ministres pour exciter les révolutions que maintenant ils désavouent. Étalant sur le marbre passeports et feuilles de route, voilà, s’écrie-t-il, voilà les preuves écrites de l’appui que prêtait à la révolution espagnole, il y a quelques mois, un des plus fervents soutiens du ministère, M. Guizot. Puis, prenant un à un les membres du cabinet, il demande avec emportement ce qu’ils représentent au Pouvoir. L’un, M. d’Argout, était négociateur ostensible de Charles X à l’Hôtel-de-Ville, pendant les trois jours ; l’autre, M. Casimir Périer, avait obstinément refusé sa signature à l’acte de déchéance ; tous enfin avaient, en juillet, défendu la légalité, tandis que le peuple se battait. Et quel était, au dehors, le représentant de ce cabinet ? M. de Talleyrand, le même qui avait servi de parrain à la légitimité ; le même qui, en 1814, avait signé l’abaissement et la ruine de son pays. C’est donc là Restauration, la Restauration tout entière qui est au Pouvoir, continue M. Mauguin : Là est le mal, là est le danger, et l’on vient nous faire peur de la République !

Pendant cet implacable réquisitoire, interrompu à chaque instant par des exclamations, des applaudissements, des murmures, de brusques démentis, Casimir Périer se livrait, sur son banc, à des mouvements de rage. En lui reprochant certaines