Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prince, auquel on épargnait ainsi les embarras de la rédaction, devait faciliter la réalisation d’un plan savamment conçu.

Cependant, la baronne redoublait d’instances. De son côté, le vieux prince laissait éclater ses répugnances en colères lamentables. Depuis que cette préoccupation fatale était entrée dans sa pensée, le repos l’avait fui ; son sang, disait-il, s’était enflammé, et il passait des nuits sans sommeil. Plus d’une fois, d’indiscrètes confidences trahirent, devant d’obscurs témoins, l’agitation de son âme, et on entendit retentir souvent dans la silencieuse retraite de Chantilly, le bruit de tristes querelles. « Ma mort est la seule chose qu’on ait en vue » s’écriait un jour, dans un accès de désespoir, ce pâle représentant d’une race illustre. Un autre jour, il s’oublia au point de dire à M. de Surval « Une fois qu’ils auront obtenu ce qu’ils désirent, mes jours peuvent courir des risques. » Enfin, par une de ces ruses bizarres que puisent dans l’excès de leurs irrésolutions les esprits sans vigueur et sans ressort, il résolut, pour échapper aux poursuites de Madame de Feuchères, d’invoquer la générosité du duc d’Orléans lui-même. « L’affaire qui nous occupe, Monsieur, lui écrivait-il le 20 août 1839, entamée à mon insu et un peu légèrement par Madame de Feuchères, m’est infiniment pénible, vous avez pu le remarquer. » Et il suppliait son parent d’intervenir auprès de la baronne pour qu’elle abandonnât ses projets sur le duc d’Aumale, auquel, du reste, il promettait un témoignage public et certain de son affection.