Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/58

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la baronne, soit en terres soit en argent, un legs d’environ dix millions.

Tels étaient les liens qui, au moment de la révolution de juillet, existaient entre madame de Feuchères et le prince dont cette révolution faisait un roi[1].

Asservi comme il l’était, le duc de Bourbon ne pouvait guère refuser son adhésion à établissement de la dynastie nouvelle. Mais toutes ses affections appartenaient au monarque déchu. Il se demandait avec terreur quel allait être le sort de cette famille si brusquement précipitée du trône dans l’exil ; au seul nom de Charles X, il fondait en larmes ; il avait renoncé à tout divertissement, et ce cri de douleur s’échappa souvent de ses lèvres : « Ah ! c’est trop de voir deux révolutions. J’ai assez vécu. » Il redoutait, d’ailleurs, des orages semblables à ceux qu’il avait vus fondre, dans sa jeunesse, sur les rois et les

  1. Voici une lettre que le duc d’Orléans écrivait, de Randan, à madame de Feuchères, le 27 octobre 1829, pour lui donner des nouvelles du duc d’Aumale :

    « Notre petit d’Aumale a été un peu souffrant, sans qu’il y ait jamais eu lieu d’avoir aucune inquiétude. Mais il a eu de la fièvre par suite d’une courbature, et nous croyons d’un refroidissement. Nous avons fait venir de Clermont M. Lavort, qui est le chef de l’école de médecine et du grand hôpital et qui est fort habile. Il nous a confirmé dans l’opinion que ce n’était absolument rien. En effet, la fièvre l’a quitté depuis deux jours… On peut le regarder comme entièrement remis de cette indisposition passagère, et à son retour, il sera sûrement en état d’aller voir son bon parrain, quand il voudra bien le lui permettre.

    Recevez, madame, l’assurance bien sincère de tous les sentiments que vous me connaissez pour vous et sur lesquels j’espère que vous comptez à jamais.

    Signé, L. Ph. d’Orléans.

    Madame la duchesse d’Orléans et ma sœur me chargent de tous leurs compliments pour vous, et nous vous prions tous de présenter les nôtres à M. le duc de Bourbon. »