Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/13

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passage à une diligence, un homme s’introduisit furtivement dans la ville. Il était sans chapeau, sans papiers on le mena au chef de la gendarmerie, et bientôt on remarqua qu’une de ses mains, qu’il s’étudiait à cacher, portait l’empreinte d’une blessure qui semblait faite par une corde le long de laquelle il se serait laissé glisser. On le dirigea sur Paris ; mais aucun indice ne vint fortifier l’hypothèse de sa complicité.

Cependant, les ténèbres qui avaient d’abord environné l’assassin commençaient à se dissiper. Il s’était donné d’abord le nom de Girard et s’était dit natif de Lodève : sur l’indication de M. Olivier Dufresne, inspecteur des prisons, M. Lavocat fut appelé auprès de lui et le reconnut. Son véritable nom était Fieschi.

Doué d’une énergie que servaient en lui les calculs de la bassesse la plus raffinée, et vaniteux jusqu’à la démence, cet homme avait contracté toutes les souillures. Condamné comme voleur et comme faussaire, après s’être battu bravement comme soldat, il était sorti des prisons d’Embrun, amant d’une femme dont plus tard il corrompit la fille. En lui tout apparaissait monstrueux, même son origine ; car il était né en Corse, terre habitée par une race héroïque, et jamais pareil misérable n’appartint à si noble pays. Long-temps il traîna de ville en ville son inquiétude d’esprit, sa pauvreté intrigante et ses vices. Attiré à Paris en 1830, il y exerça, non sans intelligence, divers métiers dont sa fourberie accrut les profits. C’est ainsi qu’à l’aide de certificats supposés, il avait obtenu du gouver-