Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/469

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nouvelle situation, au nouvel équilibre européen : voilà la politique qui convient à la France, à laquelle elle a été naturellement conduite, et que nous avons suivie. »

La Chambre des députés se déclara pour ce système, qui était celui des ministres et de la majorité de la Chambre des pairs, et les dix millions que le Cabinet demandait lui furent accordés.

Le programme oriental adopté par les trois pouvoirs en France était donc : Intégrité de l’empire ottoman combiné avec le statu quo, c’est-à-dire avec le maintien de la domination de Méhémet en Syrie.

Le programme oriental de la Grande-Bretagne était, au contraire : Intégrité de l’empire ottoman par la restitution de la Syrie au souverain de Constantinople.

Au point de vue de l’équité, la France avait raison.

Que demandait-elle, en effet ? Qu’on respectât l’arrangement de Kutaya. Or, cet arrangement avait été garanti par toutes les Puissances, sans en excepter l’Angleterre. L’Angleterre maintenant parlait de renverser un traité revêtu de la sanction morale de l’Europe. Et pourquoi ? Méhémet-Ali avait-il démérité ? avait-il fait autre chose en tirant l’épée que se défendre contre une agression brutale, reconnue ? Et, vainqueur, n’avait-il pas donné, en s’arrêtant, un gage de modération dont il était naturel de le récompenser ? Au lieu de cela, les Anglais exigeaient qu’on le dépouillât, qu’on lui enlevât une province après une bataille gagnée ! C’était le comble de l’injustice.