Enfin, des formes non picardes sont aussi exigées par la rime : Dieus (non Dius) : veus (voles) (877-8) : deus (duos) (753-4) : eüreus (1365-6) ; cheus (non chius, de ecce illos) : deus (duos) 1115-6.
La déclinaison est remarquablement conservée.
Dans la conjugaison les faits les plus notables sont les suivants :
à l’ind. prés., 1re pers. sing., absence totale de e et s analogiques[1] ; au subj. prés., 1re conj., 1re et 3e pers. sing., quelques exemples de e : gieue (804) ; escape (826). À la 1re pers. pl. des présents, il y a oscillation entre -ons (671, 715, etc.) et -omes (4, 750, etc.) ; à la même pers. des imparfaits et conditionnels, entre -iens (qui est monosyllabique) (742, 843, etc.) et -iemes (1119, 1159, etc.)[2].
Au futur, nombreux exemples de l’intercalation picarde de e entre muette et liquide (vainterés 208, perderas 479, etc.) à côté des formes normales (metra 415, perdrai 474)[3].
Ces faits et d’autres analogues sont de nature à nous détourner de tout essai d’uniformisation.
VI. La versification. — La synérèse de e protonique est encore très rare : asseïr, veïr (1099-1100, etc.)[4]. Elle se rencontre dans maloite (1360), batiç (626) (si ce mot est bien un dérivé de batre) et dans ves pour veés, forme verbale devenue adverbiale (1208, 1221)[5]. Nient est, comme dans la plupart des textes du xiiie siècle, monosyllabique (906, 918).
- ↑ Porte (267) exige une correction.
- ↑ Voir un relevé à peu près complet de ces formes dans Manz. Li jus de saint Nicholas, p. 28.
- ↑ Voir Manz, op. cit., p. 29.
- ↑ La correction de porte en port permet de lire seël (243).
- ↑ De même habituellement (trois cas sur quatre) dans la Feuillée (voir éd. Langlois, Glossaire, à vir).
o fermé libre soit ordinairement rendu par eu, au reste attesté par la rime (preu : peu 879-80 ; keutes : teutes 169-70), et que la graphie seigneur soit presque constante, on a une fois seignour (900).