Page:Bolingbroke - Des devoirs d'un roi patriote et portrait des ministres de tous les temps, 1790.djvu/28

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le pouvoir et la renommée.

Telle fut la position de l’Angleterre sous le règne d’Elisabeth : elle trouva son royaume livré aux factions les plus effrénées ; les réunir était au dessus des moyens humains, mais elle leur inspira ce grand esprit national qui est capable de si grandes choses ; avec ce puissant levier elle tint son peuple armé, conserva la tranquillité au-dedans, et porta à ses alliés des secours qui devinrent la terreur de ses ennemis au dehors. Elle ne chercha pas, dit-on, à apaiser les cabales de sa cour ni les intrigues de ses ministres, mais elle veilla à ce que la division ne franchit pas les bornes de son palais. Essex son favori ; pour avoir tenté cette entreprise, la paya de sa tête. D’après cela, que nos fameux docteurs en politique, qui ne cessent de prêcher cette maxime triviale, divide et impera, comparent la conduite d’Elisabeth avec celle de son successeur : celui-ci chercha à susciter des factions dans son royaume, et en fut la victime.

Mais on a de la peine à croire qu’un bon prince, sage et juste, puisse parvenir à réunir un peuple divisé, tandis qu’un prince méchant ne peut y réussir, tant la perversité humaine est montée au plus haut degré ; au lieu de cacher les crime on en fait parade : on ne se contente pas d’être vicieux par pratique et par habitude,