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ENTREE DES SOUTERRAINS
PAR LE CHATEAU
VOUS SOULEVEZ LE BRAS
DU CHRIST DE LA SALLE
DES GARDES
LA TROISIEME GALERIE
À GAUCHE APRES AVOIR
FRANCHI LA PORTE DE
FER
VOUS PENETREZ DANS LE
CAVEAU ET DESCELLEZ LA
DALLE DE MARBRE ENCASTREE
DANS LE MUR
C’EST AU FOND DU COULOIR.


Marcel Legay se jeta sur le papier en s’écriant :

— Merveilleux ! sublime ! inouï !…

— Bast ! c’est simple comme chou. Il ne te reste plus qu’à savoir de quel château il s’agit.

— Dame ! c’est le château de Beaulieu ! Le grand point est d’y pénétrer sans éveiller les soupçons.

Je suppose que c’est aisé pour toi qui a pris la forme du jeune comte de Beaulieu.

— C’eût été aisé, il y a un mois. Ce ne se sera plus aujourd’hui.

— Pourquoi donc ?

— Ah ! c’est toute une histoire. Je te l’ai dit, j’avais pris les titres, la place et la physionomie du comte de Beaulieu.

— Il ne lui restait donc plus grand’chose !

— Il lui restait sa personne qui me parut fort encombrante. Il ne s’agissait pas de laisser courir le véritable comte qui m’eût compromis. Je l’avais séquestré provisoirement.

— L’idée était ingénieuse.

— Oui, je l’avais enfermé dans les caves de mon hôtel ; malheureusement, on le découvrit et… il prit la clé des champs. Dès lors, je fus menacé par l’association secrète des « Compagnons de la Sainte-Vehme » qui protégeait Louis de Beaulieu. J’étais à Orléans lorsque j’appris que j’avais été condamné à mort pour crime d’imposture.

— Que faisais-tu donc à Orléans ?

— Des dettes et des emprunts. Je connaissais un gros propriétaire très estimé qui était parti passer trois mois sur la côte bretonne. Ayant besoin d’argent — ça m’arrive —, je m’étais introduit dans la peau de l’absent ; m’étant grimé, j’avais pris sa physionomie et m’étais installé chez lui. Je connaissais ses habitudes et ses relations. Sous mon nom, je faisais des emprunts considérables, j’avais mes entrées partout… je cambriolais avec une facilité déconcertante. Tout allait bien, j’avais réalisé 850 000 francs, lorsque je me vis menacé par les terribles compagnons de la Sainte-Vehme, qui avaient découvert ma retraite.

— Tu échappas à leur vengeance ?

— Échapper à leur vengeance, c’était impossible. Ces gens ont partout des affiliés qui vous épient dans l’ombre.

— Tu n’es pourtant point mort, c’est donc…

— C’est que j’employais une tactique habile. Mes ennemis m’avaient découvert sous le déguisement de mon ami, le propriétaire Orléanais. Je télégraphiai à celui-ci, au nom de mon notaire, l’engageant à rentrer au plus tôt chez lui pour affaire urgente. Mon homme accourût aussitôt : je lui fis place. Je m’esquivai juste au moment où les compagnons de la Sainte-Vehme allaient mettre leur criminel projet à exécution : ils virent mon ami le propriétaire, supposèrent qu’il n’était autre que Marcel Legay déguisé et ils le poignardèrent.

— Le malheureux !

— Ne le plains pas. C’était un mauvais riche, un égoïste qui avait fait fortune en saignant les pauvres.

— Ceci fait que tu as rendu l’âme par procuration.