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Page:Bouglé - Qu’est-ce que la sociologie ?, 1921.djvu/101

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L’HISTOIRE ET LA SCIENCE SOCIALE

de faire ressortir, comme disent aujourd’hui quelques méthodologistes, le « moment individuel ». La loi du progrès antithétique de Hegel, celle des ricorsi de Vico, celle même des trois états d’Auguste Comte méconnaissent les contingences ? Ce n’est pas une raison pour que le respect des contingences nous fasse méconnaître la hiérarchie des faits et leurs rapports de subordination.

« Qu’il y ait ou n’y ait pas de lois dans l’histoire, il suffit qu’il y ait des faits, et que ces faits soient tantôt subordonnés les uns aux autres, tantôt indépendants les uns des autres pour qu’il y ait lieu à une critique dont le but est de démêler ici la subordination et l’indépendance[1]. »

Ne peut-on aller plus loin, et n’est-il pas permis d’espérer que l’histoire humaine, non contente de discerner des faits majeurs, saura dégager aussi des tendances générales et formuler des espèces de lois empiriques, approchant par exemple de celles qu’enregistrent, nous l’avons vu, les sciences de la vie ?

Les leçons mêmes de ces sciences pourraient peut-être, à cet égard, nous guider utilement, et nous aider à découvrir des harmonies sociales analogues à l’harmonie vitale, des régularités de coexistence ou de succession contre lesquelles les accidents historiques ne sauraient finalement prévaloir.

N’est-il pas remarquable d’abord que si l’on considère une société dans son ensemble, on a le sentiment qu’elle

  1. Considérations, I, p.iii.