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Page:Bouglé - Qu’est-ce que la sociologie ?, 1921.djvu/133

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LA DIVISION DU TRAVAIL

mesure que le cercle des consommateurs s’élargit et que s’accroît la distance qui les sépare des producteurs, c’est, nous dit-on, tout l’ensemble, tout le système des relations économiques qui se transforme. La division du travail n’échappera pas à cette loi. Elle ne saurait rester immuable quand tout le reste varie. Et c’est pourquoi, avertis par l’histoire, nous ne rechercherons plus la forme unique qu’elle conserverait de tout temps ; nous essaierons de discerner au passage les diverses formes qu’elle a pu successivement revêtir.

Mais encore ne suffira-t-il pas pour les dégager de caractériser fidèlement, en essayant de restituer l’originalité de la réalité historique, tel ou tel stade de l’économie. La jeune école historique, entraînée par sa crainte des abstractions et par son goût pour les descriptions, s’est complue à cette méthode. Mais l’on se rend compte aujourd’hui que si l’on veut extraire, du chaos des documents, une véritable science sociale, force est de constituer, par une abstraction méthodique, les différents « types » de phénomènes économiques et de dresser le tableau de leurs formes possibles. La théorie de la division du travail devait elle aussi porter la marque de cette réaction contre l’excès de l’historisme. Nous voyons en effet qu’on essaie, de divers côtés, non plus seulement de dérouler la succession des différents milieux que le phénomène traverse, mais d’établir une classification systématique de ses divers modes.

Si l’on cherche, pour bien comprendre la nature de la division du travail, ce à quoi elle s’oppose symétriquement, on rencontre, conduit par le langage même, le concept d’union du travail. Mais le langage est-il ici