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de la fausse conscience

de l’individu à ce qui se passe dans la conscience d’un peuple tout entier en qui, de même façon, elle s’altère, par les mêmes causes, par les intérêts et les passions. De même aussi, chez les uns et chez les autres, chez les individus les plus pervertis, comme chez les peuples les plus barbares, à travers toutes les éclipses et toutes les ténèbres, des lueurs intermittentes se montrent qui attestent l’existence de cette même loi morale souvent méconnue, mais non moins souvent reconnue et invoquée. Il en est de ces erreurs du sens moral comme des prétendues erreurs des sens extérieurs ce ne sont pas les sens extérieurs qui nous trompent, c’est nous qui nous trompons en altérant, en faussant leur témoignage. De même le sens moral ne nous trompe pas ; mais c’est nous, à vrai dire, qui nous trompons, soit en refusant de l’entendre, soit en altérant et faussant à plaisir ce qu’il nous commande de faire ou de ne pas faire.

Le sens moral ou la conscience serait sans doute un guide plus infaillible et plus sûr, si rien au dedans de nous ne nous empêchait de l’écouter, ou ne nous sollicitait à lui faire dire