Page:Bouillier - Questions de morale pratique.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
questions de morale pratique

de l’ambition, de l’intrigue, de l’envie. De là des aliments nouveaux, des raffinements, des sophismes de la fausse conscience dans des classes de plus en plus nombreuses de la société contemporaine.

Je ne sais si nos aïeux faisaient plus de bien, mais ils étaient plus simples dans la manière de faire le mal. En remontant haut dans le passé, en allant jusqu’aux temps ou aux peuples barbares, l’état social, les relations, les intérêts et les mœurs donnaient moins de prise aux finesses et aux duplicités de la fausse conscience. La force ouverte, la violence, sans nul souci de l’apparence de la légalité ou du bon droit, la passion aveugle, l’emportaient chez ces barbares ou ces hommes moins civilisés, sur les ruses, les biais, les chicanes avec soi-même et avec les autres. Il n’y avait pas encore tant d’articles de loi à torturer, tant d’affaires à embrouiller, tant de pièges à tendre à la simplicité d’autrui.

Déjà il n’en était plus de même au siècle de Bourdaloue. Combien d’incitations à la fausse conscience dans la misère dorée des courtisans,