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de la fausse conscience

de Bourdaloue qui nous fait pénétrer dans les plis et les replis de la fausse conscience.

Ces fausses consciences, qu’il met à nu impitoyablement, sont, il est vrai, celles de la société de son temps et surtout de la cour et des courtisans ; mais le cœur humain et ses passions n’ont pas changé depuis Louis XIV ; les fausses consciences d’aujourd’hui sont au fond les mêmes que celles d’autrefois. C’est de la même façon, par les mêmes détours et par des motifs analogues, que nous nous efforçons de nous excuser nous-mêmes, quand nous nous écartons de la voie droite. Je croirais même que, depuis Pascal et Bourdaloue, nous avons fait certains progrès dans cette mauvaise casuistique intime, un progrès correspondant au nombre, à la complexité croissante des intérêts et des affaires, comme aussi des tentations et des occasions de dérober ce qui est à autrui. Ajoutez la politique, les élections, le suffrage universel, l’accès possible pour tous des honneurs et des places, y compris la première de toutes dans la république, et mesurez combien s’est agrandi le champ, jadis restreint,