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MERLIN L’ENCHANTEUR

non celui qui vous a engendré. J’ai confié mon propre fils à une nourrice pour que sa mère vous nourrit de son lait. Et je vous ai élevé aussi doucement que j’ai pu.

— Je vous supplie, dit Artus, de ne pas me renier comme votre fils, car je ne saurais où aller. Et si Dieu veut que j’aie cet honneur d’être roi, vous ne saurez me demander chose que vous ne l’ayez.

— Eh bien, je vous demande qu’en récompense de ce que j’ai fait pour vous, Keu soit votre sénéchal tant que vous vivrez, et que, quoi qu’il fasse, il ne puisse perdre sa charge. S’il est fol, s’il est félon, vous vous direz que peut-être il ne l’eût point été s’il avait été allaité par sa propre mère et non par une étrangère, et que c’est peut-être à cause de vous qu’il est ainsi.

— Je vous le promets, dit Artus.

Et Antor lui en fit faire le serment sur l’autel.

Il attendit vêpres, et, quand tous les barons furent assemblés dans l’église, il alla trouver l’archevêque et lui demanda de permettre que son plus jeune fils, qui n’était pas encore chevalier, fît l’essai. Et Artus s’avança, ôta l’épée sans peine et la bailla à l’archevêque qui entonna à pleine voix le Te Deum laudamus.

Cependant les barons murmuraient, disant qu’il ne se pouvait qu’un garçon de si bas lignage devint leur seigneur. Dont l’archevêque se courrouça et leur dit que Dieu savait mieux qu’eux-