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Page:Boulenger Marceline DesbordesValmore.pdf/143

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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

aussi rare et plus rare encore qu’un acte de courage dans l’ordre civil ». Ainsi fait, avec de l’imagination, avec une grâce et une facilité de parole incomparables, avec tant d’esprit, de vivacité et de tact littéraire, ce pauvre Latouche manquait cruellement de talent et, plus exactement, de style. Quand il tenait la plume, il perdait ce don d’expression qu’il possédait en parlant. Il écrivait cependant très soigneusement et selon toutes les règles néo-classiques, c’està-dire qu’il évitait les « répétitions » avec une attention vraiment attendrissante, qu’il jouait fort agréablement des pronoms, qu’il s’appliquait à n’employer que des tournures châtiées, etc., mais ce sentiment de la propriété des termes et de la force de chaque mot, ce sens juste et délicat du français, c’est ce qu’il avait le moins. « C’était une souffrance de voir un si fin esprit si mal servi par son talent, et il était le premier à en souffrir », raconte son collaborateur Emile Deschamps (2). Et il semble fort probable, en effet, que Latouche sentait obscurément, s’il (1) Loc. cit., page 482. (2) Sainte-Beuve (I hid., page 478). à peu près la même chose. —

G. Sand nous dit