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Page:Boulenger Marceline DesbordesValmore.pdf/364

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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

dont je suis privée moi-même, je t’ai donné tous les mystères de ma vie. J’ai beaucoup attristé la tienne, mais je crois t’avoir fait développer pour moi tous les trésors de la bonté. Tu m’en donnes des preuves si profondes, ma chère Pauline, et si pénétrantes, que sans vouloir analyser la vie Gj’ai bien le tems !) tu ne m’empêcheras pas de croire que, destinée au plus impénétrable chagrin, il était arrélé que tu serais là pour le savoir, pour me dire tout ce que tu me dis, et m’aimer encore. J’ai bien des sujets de t’aimer. « Je pense constamment à ce que tu souffres du cœur. Oui, les crises sont fréquentes. Est-ce que tu ne vois pas de ton colé quelque médecin ? Comme ta maladie s’étend sur moi et reprend tout ce qu’elle avail d’insupportable après les desespoirs qui m’ont menée à la faiblesse, j’ai consultée, tu le sais bien. On ne me prescrit que de l’eau de laitue. Je vais en reprendre. J’ai commencé depuis hier, n’étant trouvée bien mal. J’ai aussi pris un bain pour tâcher de couper l’insomnie, dont tu connais par toi-même le tourment silencieux. Je voudrais bien ne pas abuser des paroles, el ne pas t’émouvoir, mais souffrir tout cela comme à genoux, vois-lu, c’est croire en Dieu de toute son âme, sinon la terre ne vaut pas la peine d’une résignation si douloureuse. Je relisais tout à l’heure ton rêve et tout le passé qu’il a réveillé en toi, et je pleurais de n’avoir pas un moyen, un seul, d’adoucir de tels passages. A ma tristesse se joignait le reproche sérieux de t’avoir beaucoup aflligée, et je me