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Page:Boulenger Marceline DesbordesValmore.pdf/56

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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

Chevalier de Grammont, dans Alexis ou l’Erreur d’un bon père, etc., etc. Et toujours elle plut :

« C’est une actrice très distinguée pour les ingénuités ; et son jeu est d’autant meilleur qu’elle ne copie personne… Mme Saint-Aubin est une ingénue un peu éveillée et dont la finesse perce trop à travers la naïveté. Mlle Desbordes a plus de naturel, plus de simplicité et de sentiment : sa voix n’est pas étendue, mais elle est pure, douce, expressive, très propre pour la romance et pour tous les airs d’un chant facile et d’une sensibilité vraie[1]. »

Grétry et sa femme avaient pris Marceline en amitié : « M. Bouilly, écrivait-elle plus tard[2], voulait me faire un rôle de princesse déguisée quand j’étais à Feydeau, parce que M. Grétry disait que j’avais l’air d’une petite détrônée[3]. Je ne me souviens pas d’avoir régné nulle part, je n’ai senti ni mon sceptre, ni ma couronne… » Le vieux maître lui donnait des conseils, et elle jouait sans cesse car il fallait vivre.

  1. Journal de l’Empire [Débats], 15 septembre 1805.
  2. À Constant Desbordes, 21 juin 1826.
  3. Sainte-Beuve, Portraits contemporains, II, page 101, note : « Grétry l’appelait un petit roi détrôné. »