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Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/65

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heureux avec les trois millions dont se composait sa fortune qu’il divisa en un grand nombre de legs particuliers.

Le célèbre banquier put ainsi trouver de précieuses jouissances dans ses immenses richesses dont pour lui-même il ne faisait que médiocrement usage. Dans les dernières années de sa vie surtout, son état d’infirmité habituelle ne lui permettait même plus la promenade, et une maladie chronique de l’estomac le condamnait au régime de vie le plus sévère. Il n’en recevait pas moins à sa table, largement servie, chaque jour quelques amis ou des artistes ; mais pendant que les joyeux convives savouraient à l’envi les mets délicats, dégustaient les vins fins, les liqueurs et le café, l’amphitryon, un peu mélancolique sans doute, devait se borner à l’eau claire et à la panade, à moins qu’il ne préférât le laitage.

Quelle amère dérision dans la possession même de ces trésors que lui prodiguait la fortune, si M. de Beaujon n’eut trouvé une noble compensation et une satisfaction délicieuse dans cette libéralité qui s’épanchait si largement en bienfaits dont plusieurs, comme on l’a vu, ont survécu au donateur et, après des siècles peut-être, feront bénir sa mémoire !