Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/108

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quitter sa religion, qu’elle estimait extrêmement bonne, pour un récit que je lui avais fait de notre Dieu, et quelques louanges que j’avais chantées en sa présence : eu quoi elle disait avoir ressenti un tel plaisir qu’elle ne croyait point que le paradis de ses pères et celui qu’elle espérait fût si glorieux, ni accompagné de tant de joie, que le contentement qu’elle avait ressenti pendant que je louais mon Dieu ; concluant qu’il y avait en cela quelque merveille. Cette femme, comme un autre Caïphe, ou comme l’ànesse de Balaam, fit tant par ses discours que son mari me dit dès le lendemain qu’il ne tenait qu’à une commodité que nous nous sauvassions, en France ; mais qu’il y donnerait tel remède que dans peu de jours Dieu en serait loué. Ce peu de jours dura dix mois qu’il m’entretint en cette espérance, au bout desquels nous nous sauvâmes avec un petit esquif, et nous rendîmes, le 28 juin 1607, à Aigues-Mortes, et tôt après en Avignon, où M. le vice-légat reçut publiquement le renégat, avec la larme à l’œil et le sanglot au cœur, dans l’église de St-Pierre, à l’honneur de Dieu et édification des assistants *. » Cette narration est parfaite à tous égards. Nous y regrettons cependant une lacune, relative à la bonne créature qui fut l’instrument de la délivrance de saint Vincent de Paul. On aimerait à savoir ce qu’elle devint, heureux d’apprendre qu’elle ne demeura point sur la terre infidèle et fut récompensée de sa charité par la grâce de la conversion. Vincent, après un voyage fait à Home, sa dévotion satisfaite, revint en France. Arrivé à Paris, il se logea ’ Lettre écrite à M, de Commet (24 juillet 1607).

SAINT