Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/110

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Étonné d’abord de ce langage qui ménageait si peu son orgueil, le comte, qui dans le fond du cœur était chrétien, se sentit touché, et en remerciant l’homme de Dieu, déclara renoncer à son coupable projet. Quelque temps après, Vincent donna la mission à Folleville, sur les terres de la famille de Gondi, dans le diocèse d’Amiens, et les résultats furent admirables. Cette même année, de l’aveu de son guide, Bérulle, il quitta la maison du comte de Joigny pour aller desservir la cure de Châtillon-les-Dombes, dans la "Bresse. « On ne saurait croire tout le bien que fît cet homme apostolique pendant le court espace de temps (cinq mois) qu’il resta chargé de cette paroisse où, dans l’intérêt des pauvres et des infirmes, il institua une confrérie de charité devenue le modèle de toutes celles qui s’établirent par la suite en France. » Cédant aux instances de la comtesse de Joigny, Vincent de Paul revint dans cette maison vers la fin de 1617 ; mais à la condition que, chargé seulement de la haute surveillance de l’éducation des enfants, il aurait toute liberté de se livrer à son goût pour les missions, ce qu’il fit dans les diocèses de Sens, Soissons, Beauvais. Pendant les loisirs que lui laissait l’intervalle entre les missions, il eut la pensée de visiter les prisons où les forçats étaient détenus avant de partir pour les ports de mer et fut grandement contristé de ce qu’il trouva : « Il vit, dit un biographe, des malheureux renfermés dans d’obscures et profondes cavernes, mangés de vermine, atténués de langueur et de pauvreté et entièrement négligés pour le corps et pour l’âme. »

Vincent s’occupa avec zèle de l’une et de l’autre. Par