Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/129

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ment : « …En attendant et quoi qu’il lasse, je demande à Paris de reprendre au plus vite cette mâle attitude qui pendant six semaines lui a fait tant d’honneur… Laissons-là ces idées d’atermoiements, de suspension de siège, d’armistice et d’accommodement ; pensons à la défense et ne pensons qu’à elle.

Ne rêvez plus théâtres rouverts, promenades, voyages, libres correspondances ; ne laissez pas votre imagination savourer ces fruits défendus ; parcourez le rempart, et, du dehors surtout, regardez cette ville à l’aspect si nouveau, si désolé, si nu, si grandiose et si fier. Regardez cet immense espace qui vous sépare des bastions, puis, en levant la tête, ces longues files horizontales qui vous transportent en idée au fond des grandes landes ou devant les dunes de la mer.

Il y a des gens à qui ce spectacle, ces audacieux travaux et ces canons montrant leur gueule aux échancrures des tertres de gazon, causent une sorte de serrement de cœur ; qui en détournent les yeux, ne pensant qu’aux douleurs et aux larmes dont ils ont devant eux le triste avertissement. Sans me croire insensible, je confesse que chez moi le premier mouvement devant ce Paris transfiguré est une sorte de satisfaction intérieure que tout cela soit comme sorti de terre, si promptement, si noblement, sous les yeux et avec le concours de cette population frivole et généreuse. Tout n’est donc pas perdu, puisque de tels élans partent encore de nous ! Aussi, quand il m’arrive de penser que peut-être nos maux auront un terme, et qu’on pourrait encore s’occuper quelque jour des embellissements de Paris, le premier que je rêve est de lui maintenir sa couronne