Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/156

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on a «lit qu’il fut l’uii (les écrivains qui ont le plus contribué à former la langue quoique aujourd’hui on ne lise plus guère ou même pas du tout ses ouvrages. Ce n’est pas lui d’ailleurs qui a donné son nom à la rue, mais notre contemporain, Honoré de Balzac, qui y est mort en 1850, à l’âge de 31 ans, au milieu de sa plus grande vogue comme romancier. On ne peut lui refuser, en dépit de sa fécondité, un talent peu ordinaire. La Comédie humaine atteste une puissance singulière de conception et d’observation ; mais cette dernière et précieuse qualité trop souvent se gâte par l’exagération ; comme l’a dit fort bien M. de Pontmartin, Balzac presque toujours vers la fin « se grise avec son sujet », et il ne voit plus ses personnages qu’à travers une lentille qui grossit démesurément leurs traits défectueux surtout. Puis le sens moral trop fréquemment lui fait défaut, et il est peu d’ouvrages de lui qu’on puisse lire sans inconvénient. Rien qui repose, rien qui rassérène dans ces pages si souvent désolantes par l’implacable dissection de l’àme humaine. Cet étrange moraliste (car il avait cette prétention) calomnie la nature humaine même viciée, et à Dieu ne plaise que notre société, encore que malade, soit telle qu’il nous la représente d’habitude. Le monde aristocratique en particulier, qu’il faisait vanité de bien connaître, lui paraît surtout étranger d’après les types qu’il nous en a laissés, et qu’on n’y rencontre, assurément, que par une très-rare exception. D’après ce que nous venons de dire, faut-il s’étonner (jue rCEuvre entier de Balzac ait été condamné par la congrégation de l’Index ?

A.