Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/166

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lièrement la chaise dorée de leur maîtresse. Ils firent un grand feu dans la cour de la galerie des Princes, et y jetèrent une partie des lambris et des parquets destinés pour la grande galerie. Bontemps, en colère, le vint dire au roi qui se mit à rire et dit : &lt ; ( Qu’on les laisse » faire, nous aurons d’autres parquets. » La joie parut aussi vive à Paris et parut de bien plus longue durée ; les boutiques furent fermées trois jours durant ; toutes les rues étaient pleines de tables où les passants étaient conviés et forcés de boire sans payer ; et tel artisan mangea cent écus, dans ces trois jours, qu’il ne gagnait pas dans une année. »

Voici de ce jeune prince, dont la mort prématurée et presque tragique devait tromper tant d’espérances, un remarquable portrait : « Ce prince, dit St-Simon, naquit terrible et sa première jeunesse fît trembler : dur et colère jusqu’aux derniers emportements, et jusque contre les choses inanimées ; impétueux avec fureur ; incapable de souffrir la moindre résistance, même des heures et des éléments, sans entrer en des fougues à faire craindre que tout se rompit dans son corps ; opiniâtre à l’excès, passionné pour toute espèce de volupté. Il n’aimait pas moins le vin, la bonne chère, la chasse avec fureur, la musique avec une sorte de ravissement, et le jeu encore où il ne pouvait supporter d’être vaincu, et où le danger avec lui était extrême ; enfin, livré à toutes les passions et emporté à tous les plaisirs, souvent farouche, naturellement porté à la cruauté, barbare en railleries et à produire les ridicules avec une justesse qui assommait. De la hauteur des cieux, il ne regardait les hommes que comme des atomes avec qui

B.