Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/344

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LES RUES DE PARTS. théâtre, dans les derniers jours de mai dernier (1871), riiospice des Enfants-Trouvés de la rue d’Enfer faillit lui aussi être la proie des flammes. Ici se place tout naturellement un admirable épisode : Les insurgés s’étaient établis à l’hospice des EnfantsTrouvés de la rue d’Enfer. Voyant les troupes de Versailles dans Montrouge, les fédérés allaient incendier l’hospice, qui renferme ordinairement cinq cents enfants, et qui contenait en plus une division des Jeunes Aveugles qu’on y avait transportés. Le directeur de l’établissement, M. Morisot, avait dû se dérober par la fuite aux menaces de mort des envahisseurs. Sa noble femme, ayant entendu l’ordre de mettre le feu à l’hospice, se jeta courageusement au-devant du capitaine qui donnait cet ordre aux ambulancières de la Commune ; elle le supplia avec larmes de ne pas commettre une telle barbarie et d’épargner d’innocentes victimes qui n’offraient aucune résistance et n’avaient ni armes ni défenseurs. « Ce sont vos enfants, s’écria-t-elle, les enfants du peuple que vous vouez sans raison à la mort la plus cruelle ! » Ces généreuses paroles émurent le capitaine, qui retira l’ordre d’incendie. Mais bientôt il paya de sa vie cet acte d’humanité : ]\jme jyiorisot le vit fusiller sur la barricade voisine. Effrayée de cet horrible spectacle et voyant d’ailleurs que la flamme qui consumait un couvent placé tout auprès menaçait de les envahir, elle rassembla à la hâte les sœurs et les employés de l’établissement : tous se décidèrent à fuir. Une petite porte du jardin donnait sur le boulevard, encore au pouvoir des troupes de la Commune, et, pour le traverser, il fallait affronter une ;

HOSPICE