Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/395

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BOUES DE PARIS. 387 imagine, dans la saison d’été, quelles odeurs répandait sur son passage ce fleuve immonde, pire que l’Acliéron ou le Cocyte. Cet état de choses dura pourtant jusqu’au commencement du XVIIP siècle où l’on chercha par des améliorations successives à remédier au mal. Les plus importantes furent dues àTurgot, prévôt des marchands en 1737 ; il conçut le projet de changer le cours du grand égout qui irait en ligne droite d’un point à un autre, ce qui fut exécuté sous la direction de l’architecte Beausire. Le nouvel égout fut creusé plus profondément, dallé en pierres taillées en caniveaux, avec des berges maçonnées. De plus, rue des Fossés du Temple, un vaste réservoir, solidement construit et alimenté par deux grandes machines hydrauliques, fournissant une masse d’eaux considérable, en quelques heures, permettait de laver le grand égout. Tout était terminé en 17 iO. Yingt ans après seulement (1760), les propriétaires des terrains longeant le canal avisèrent aie faire couvrir d’une voiite en établissant partout des ventilateurs. Mais alors comme longtemps après, il n’existait pas d’autres égouts souterrains, et les ruisseaux continuaient de charrier à travers la ville, jusqu’au grand réceptacle, tout ce que les eaux d’évier et autres leur amenaient. Les immenses travaux dont nous avous parlé plus haut, et qui ont contribué si fort à l’assainissement de Paris, ne datent que du commencement du siècle, et les plus importants remontent seulement à quelques années. Il semble qu’il y ait peu de chose à faire pour que la capitale de la France soit, au point de vue de la propreté, la cité modèle. Elle a déjà tout à fait cessé de mériter son nom de Lutetia, ville de Boue,

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