Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/404

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locataires à déloger et détruit en tout ou partie le quartier général de la gueuserie. Mais, quand les ouvriers arrivèrent armés de la pioche et du marteau, ils furent reçus de telle façon, à coups de pierre et de bâton, sans compter les injures, qu’ils prirent la fuite et ne revinrent plus. Les choses en restèrent là pour la plus grande gloire du roi de Thumes et de ses vassaux. Certes il n’en pourrait plus être ainsi aujourd’hui et il faut bien convenir que la police est autrement faite. La Cour des Miracles en particulier n’abrite plus un peuple à part, pour qui toutes les lois divines et humaines sont lettre morte. On y paie la cote personnelle, comme l’impôt des portes et fenêtres et aussi les autres. Pas plus de vacarme là qu’ailleurs ; le commissaire de police comme le sergent de ville et le gendarme peuvent s’y promener tranquillement sans le moindre risque d’être assommés. Plus d’un même leur tire en passant sa casquette. Faut- il ajouter en terminant que le socialisme dont il se fait aujourd’hui tant et trop de bruit, est un mot, un grand mot, nouveau pour une chose qui ne l’est guère, vieille comme le monde et la paresse laquelle est née avec l’homme. Les braves Ai^gotiers avaient résolu le problème dont force gens se tracassent la cervelle aujourd’hui : vivre et vivre joyeusement en travaillant le moins possible ou même pas du tout. Tous ces drôles, avec leurs industries si diverses et peu fatigantes, faisaient du socialisme pratique, comme M. Jourdain de la prose sans le savoir. Présentement au contraire, nos gens les uns charlatans et les autres dupes, prenant la chose au sérieux, font des programmes et des coalitions qui

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