Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/405

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DES MIRACLES. 397 ruinent patrons et ouvriers ; ils rédigent des journaux, s’enrôlent dans les sociétés secrètes, exploitent leurs adhérents au profit d’ambitions et de convoitises sournoises, qui, pour arriver à leurs fins et réaliser leurs chimères, s’inquiètent peu de bouleverser le monde. Et tout cela se fait avec des airs solennels de Carême-Prenant en deuil de Mardi-Gras, et des mots longs d’une aune, et des phrases qui sonnent creux pour le bon sens, mais font dresser des milliers d’oreilles d’autant plus charmées que la langue est plus inconnue. C’est une musique avec variations à laquelle chaque auditeur fait dire ce qui lui plait. Franchement l’autre système valait mieux, il semble plus gai et la langue des Argotiers plus intelligible et plus plaisante que celle de MM. les humanitaires. Mais les Argotiers, au dire des nouveaux adeptes, étaient des feignants, tandis qu’aujourd’hui les confrères, qui veulent au fond les mêmes choses, ne rien faire et joyeusement vivre, invoquent leurs droits et se qualifient travailleurs. Je doute qu’entre ceux qu’en voit les plus zélés il soit beaucoup de millionnaires.

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