Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/422

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Elle a un puissant roi et fort en sa maison.
Auquel elle obéit, qu’elle sert et caresse.
Là est l’air bon et douï, et l’assiette sans cesse
Pleine de tout bonheur : car tout y est plaisant,
Tout est joyeux et beau, si l’heur n’était nuisant
Aux bons qui sont pressés d’une faute commune.
Ayant toujours au dos les rigueurs de fortune.

Les deux derniers vers ne manquent pas d’à- propos si, pour une bonne partie, on n’en peut dire autant de la description ; car le Paris d’aujourd’hui ne ressemble guère à la cité champêtre que nous dépeint Corrozet et dans laquelle le paysage tient une si large place.

Moins plaisante sous ce rapport semble la seconde pièce de vers quoique beaucoup plus longue. Ni gazons ni verdure, ni vignes ni raisins ! L’auteur prend plaisir surtout à décrire ce qu’un peintre appellerait « les fabriques », c’est-à-dire les constructions et monuments de la ville, par exemple les Ponts, et il le fait avec un certain bonheur d’expression :

Hé ! Dieu ! que de maisons, que de beaux bâtiments !
À peine dois-tu rien, Paris, aux ornements
De celle qui jadis commanda sur l’empire
De tout cet univers : et ce que plus j’admire
Sont les Ponts, cinq en nombre et tellement dressés
Qu’on y voit des maisons les fondements haussés,
Et le tout si bien fait qu’où jugerait à peine
Que ce fussent des ponts, que dessous fût la Seine,
N’était que l’on le sait, car les rangs des logis.
Les places^ les cantons se voient vis-à-vis.
Tout ainsi disposés, en même rang et terme
Qu’on bâtit les maisons en pleine terre ferme.