Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/46

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distÎDgué * qui n’est qtie l’écho de beaucoup d’autres, ne saurait être adopté sans restriction, et malgré notre admiration enthousiaste pour le génie du grand artiste, au premier rang dans l’École Yénitienne, nous oserons dire qu’il y a peut-être ici exagération dans la louange. Le talent du Titien n’est point aussi complet et surtout aussi constamment égal que l’affirme le critique. La composition cliez lui parfois se sent de la hâte du travail, et n’en déplaise au panégyriste, on pourrait ajouter ou retrancher sans inconvénient. Si les expressions parfois sont heureuses, sont admirables, d’autres fois aussi elles semblent banales, et certains personnages, venus au hasard du pinceau, ne sont guère que des comparses et n’ont point été assurément étudiés d’après nature. Le relief laisse peu à désirer de même que le modelé pour lequel Titien, si merveilleux dans la fonte des couleurs et le maniement du pinceau, se montre souvent incomparable. Le dessin parfois pourrait être plus sévère encore qu’on doive trouver exorlûtante cette parole prêtée peut-être à Michel-Ange à la vue de la Do.naé : — Quel dommage qu’à Venise on n’apprenne pas à bien dessiner ! Si le Titien était secondé par l’art comme il a été favorisé par la nature, personne au monde ne ferait si vite ni mieux. Ce jugement excessif est d’un homme de parti pris qui ne voyait l’art qu’à un point de vue restreint sinon personnel. Le fait est que Titien, auquel on peut reprocher des négligences, des lacunes, par suite de la rapidité du travail, n’est pas, tant s’en faut, un médiocre ’ Taillasson. Observations sur quelques grands peintres. 1807.