Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/47

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dessinateur. Il a, quand son pinceau se surveille, la suprême élégance des formes, la pureté de la ligne, la grâce et la vérité des attitudes, la morbidesse des chairs, la finesse et la délicatesse extrême du modelé unies à une fermeté de contours et à une franchise de tons qu’on trouverait difficilement ailleurs, 11 jette magnifiquement ses draperies témoin sa descente au Tombeau^ pour moi son chef-d’œuvre parmi les tableaux du maître que nous possédons au Louvre. La composition est superbe, unissant grandeur et simplicité. Quelle noblesse dans les personnages, le saint Jean, la Madeleine, le saint Pierre, dont les figures pathétiques nous remuent si profondément, nous saisissent si fortement que l’émotion ne permet pas de s’apercevoir que la tète du Christ, perdue dans l’ombre, est la moins belle de toutes et ne rayonne point de ce grand et divin caractère qui devrait la transfigurer. Ce n’est pas impunément, quoiqu’on ait dit, que, par une erreur qui fut trop celle de son temps et d’autres temps, Titien traita, tour à tour et souvent à la fois, des sujets divers et opposés, sacrés et profanes. Il ne me parait pas du tout prouvé d’ailleurs qu’en général l’artiste réussît aussi bien les sujets tirés des Evangiles ou de l’Ancien Testament que ceux (empruntés à la mythologie, j’entends au point de vue des expressions et de l’impression produite par le tableau. Que l’on compare par exemple, au Louvre, sa sainte Famille avec la Nymphe et le Satyre, et l’on verra combien celui-ci l’emporte sous le rapport de l’art, j’entends d’un art qui brille surtout par la perfection extérieure. Mais où peut-être Titien est supérieur encore,