Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/48

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du moins pour les toiles que nous possédons au Louvre, c’est dans ses portraits qui le disputent aux plus admirables toiles de Yan Dyck même, par la noblesse, la fierté des attitudes, le relief puissant, le modelé merveilleux, et surpassent peut-être le peintre de Charles I" pour la solidité des tons. Aussi je suis tout à fait de l’avis de M. des Angelis quand il dit : a C’est beaucoup sans doute de retracer fidèlement la pliysionomie d’un homme ; mais c’est bien un autre mérite de laisser sur ses traits l’empreinte ineffaçable de ses vertus et de ses vices. À toutes ces qualités plus que suffisantes pour constituer le grand peintre, Titien réunit celle d’être le premier coloriste de l’Italie. C’est en vain qu’on a examiné, qu’on a sacrifié même quelques-uns de ses tableaux pour surprendre son secret ; il demeure caché sous l’éclat des couleurs et l’œil le plus exercé se flatterait en vain de suivre les traces d’un pinceau dont on ne peut assez admirer les prodiges. » On comprend, en contemplant tel de ces cliefs-d’œu^Te, l’admiration des contemporains et en particulier de l’empereur Charles-Quint pour le grand artiste. En vérité je me sens de l’estime et presque de la sympathie pour cet illustre ambitieux, l’opiniâtre ennemi de la France, mais qui, glorieux Mécène, savait si magnifiquement honorer, récompenser le génie. On sait que, non content de prodiguer au Titien l’or et les pensions, en public, à la promenade, à cheval, il lui cédait toujours la droite, et comme certains courtisans paraissaient s’en étonner, il leur dit : — Je puis bien créer un duc ; mais où trouverai-je un second Titien ?

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