Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/50

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tiste qu’un moraliste a appelées « la fièvre de la raison», il ne faut pas songer à les excuser, et lui-même sans doute, dans le recueillement des dernières années, les aura regrettées.

II

Mais voici qui semble plus extraordinaire et qui prouve que les princes de l’art, ces autres demi-dieux de la terre, auxquels la toute puissance du génie conquiert une royauté plus enviable sans doute que l’autre, eux aussi sont exposés à de formidables tentations dans cette atmosphère enivrante où ils vivent, fatigués d’hommages, de louanges, d’adulations incessantes. Ce reproche, que l’honnête d’Argenville ne peut s’empêcher d’adresser au Titien, son illustre contemporain, MichelAnge pouvait en prendre sa part, Michel-Ange qui cependant, par la gravité de son caractère et la sévérité de ses mœurs, semblait devoir rester étranger toujours à ces écarts. D’après le témoignage de Milizia, critique peu sympathique au grand Florentin : « Michel-Ange n’était pas seulement désintéressé, dédaigneux des vains honneurs comme de l’argent, mais aussi frugal, austère, dur à lui-même comme aux autres et, s’il eût vécu dans les temps antiques, on l’eût glorifié comme un stoïcien modèle…. Il vivait solitaire, fuyant la société des grands d’autant plus empressés aie rechercher, comme celle des artistes. » Tous les contemporains, biographes et autres, rendent hommage, et en termes bien plus accentués, au carac

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