Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/70

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LES RUES DE TARIS. » Dieu et un chagrin bien cruel. Je dis que ce fut une )) faveur de Dieu, parce que Urbino, après avoir été le » soutien de ma vie, m’a appris non-seulement à mourir » sans regret, mais même à désirer la mort. Je l’ai » gardé vingt-six ans avec moi et je l’ai toujours trouvé » parfait et fidèle. Je l’avais enrichi, je le regardais )) comme le bâton, et l’appui de ma vieillesse, et il m’é)) chappe en ne me laissant que l’espérance de le revoir » en paradis. J’ai un gage de son bonheur dans la ma» nière dont il est mort. Il ne regrettait pas la vie, il )) s’affligeait seulement en pensant qu’il me laissait » accablé de maux, au milieu de ce monde trompeur » et méchant. Il est vrai que la majeure partie de moi» même l’a suivi et tout ce qui me reste n’est plus que » misères et que peines. Je me recommande à vous. » Je ne sais rien de plus admirablement touchant que cette lettre qui atteste tout à la fois une sensibilité si vraie et une résignation si courageuse. Michel- Ange survécut six années à Urbino. Pendant l’année 1362, à plusieurs reprises, il souffrit de graves indispositions. Puis, au commencement de l’année 1563, sa santé s’altéra de plus en plus ; la fièvre le força de s’aliter et, le 17 février, il expira, à l’âge de 89 ans, après avoir dicté ce testament où l’homme tout entier se retrouve : « Je » laisse mon âme à Dieu, mon corps à la terre, et mes » biens à mes plus proches parents. » Le poète, d’ailleurs si vraiment poète dY/ Pianto, a-t-il donc tout à fait raison quand il dit, dans son sonnet sur Michel-Ange ?

MICHEL-