Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/83

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75 était précisément la macliinc qu’il avait imaginée et que, dans son mécanisme simple et ingénieux, elle amenait l’eau par les mêmes moyens. Le jeune homme ne put se défendre d’un mouvement de vive satisfaction, mais exempt d’orgueil ; comprenant que ses connaissances en anatomie, en mécanique, etc., ne pouvaient lui suffire et qu’il avait lieaucoup à apprendre encore, « car savoir sert beaucoup pour inventer )), ainsi que l’a dit M’"’’ Staël ; il se mit de nouveau et courageusement aux études spéciales. Il n’eut pas à le regretter ; car son horizon s’agrandit et une connaissance plus sérieuse, plus complète de l’organisme humain, comme des diverses sciences se rattachant de près ou de loin à la mécanique, donnèrent une singulière lucidité à son esprit d’investigation comme d’imitation ; en voici la preuve ! Un jour qu’il se promenait dans le jardin des Tuileries, s’étant arrêté devant le FUdeur, l’idée lui vint d’exécuter une statue qui jouerait des airs et, à l’aide d’un mécanisme intérieur, ferait ce que fait un musicien vivant. Tout plein de ce projet, en rentrant à la maison, chez un oncle qui lui donnait l’hospitalité, il en parla avec un enthousiasme qui, par malheur, trouva peu d’échos. L’oncle, en homme positif, lui dit : — Tu es fou, mon neveu, de rêver de telles chimères I Si c’est là tout le fruit de tes lectures et de tes expériences, en vérité, je ne t’en fais point compliment, et je ne puis m’empêcher de dire qu’il est fâcheux de te voir ainsi perdre un temps que tu pourrais mieux employer. En ce qui me concerne, je m’opposerai très-fermement à la mise à exécution de ce projet extravagant.

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