Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/84

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LES RUES DE TARIS. qui ne pourrait qu’eiitrainer inutilement des sacrifices considérables. Tu n’as donc pas à compter sur moi, au contraire. Tout confus de ces reproches assez rudement formulés, Yaucanson, quoique à regret, n’insista point ; mais, toutefois, il n’abandonna pas son idée, et trois ans après, pendant une maladie qui le retint de longs jours, soit au lit, soit dans sa chambre, il revint à son projet, qu’il réalisa. Telle était la netteté de sa conception et la lucidité de sa pensée, que la machine put être exécutée sur ses dessins par divers ouvriers qui ne se connaissaient point entre eux, et dont chacun exécuta telle ou telle partie du mécanisme. Or, toutes ces parties réunies s’emboîtèrent, se soudèrent si parfaitement, après avoir été mises chacune en sa place, qu’au premier ordre de l’inventeur, elles fonctionnèrent avec une merveilleuse régularité. On vit les mains et les doigts du Flijteur remuer en cadence comme ceux d’un musicien ordinaire et la flûte fit entendre des sons harmonieux et non différents de ceux d’une flûte réelle. Le domestique de Vaucanson, seul présent à cette première expérience, et que la curiosité avait porté à se cacher dans l’appartement derrière un rideau délit, saisi d’une sorte de terreur semblable à celle qui pétrifia Sganarelle quand il vit la statue du commandeur incliner la tète, ne put retenir un cri et vint éperdu se jeter aux pieds de son maître, qu’il jugeait un vrai sorcier. Vaucanson, tout à la joie de sa découverte, et avec des larmes dans les yeux, l’embrassa en murmurant comme Archimède : Eurêka ! Eurêka ! Je l’ai trouvé ! je l’ai trouvé ! Après cette machine, l’inventeur fit un automate qui

VAUCAiNSON.