Page:Bourdaret, Chantre - Les Coréens, esquisse anthropologique, 1902.djvu/11

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rapprochée du Japon, la Corée ne pouvait manquer d’être disputée par les deux États qui l’avoisinent….. Néanmoins, « quoique doublement vassale durant une période plus de deux fois séculaires, la Corée également sollicitée, pour ainsi dire, par les deux empires voisins, est restée pays autonome : mais, cherchant à se faire oublier, elle n’avait naguère aucune importance dans l’histoire de l’Asie, on eût dit qu’à l’endroit où se trouve cette vaste et riche péninsule la terre était vide[1] ».

Dans ces dernières années, un troisième voisin, l’empire russe, devenu limitrophe de la Corée, est venu aussi faire sentir sa puissance sa position entre de si redoutables voisins la mit dans l’obligation de traiter, dès 1876 avec le Japon, puis avec les Etats-Unis, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie, la Russie, et la France. Elle fut, dès lors, ouverte aux étrangers, mais sans entrain, sans confiance. Ce n’est que depuis la guerre sino-japonaise (1894-1895) que la proclamation de son indépendance a donné à la Corée une vigueur nouvelle. En effet, le pays se réorganise au point de vue politique et administratif, des étrangers sont appelés comme conseillers. On fonde des écoles. Les tramways font leur apparition à Seoul, des concessions de mines sont accordées, et des ingénieurs sont appelés pour construire le premier chemin de fer coréen. Grâce à ce rapide essor, la Corée d’aujourd’hui est déjà bien différente de celle d’il y a quinze ou vingt ans, et de jour en jour elle continue sa transformation. Enfin, le jeune Empire péninsulaire a prouvé son désir de prendre place parmi les nations civilisées en établissant, en 1900, au Champ-de-Mars, un pavillon dont tout le monde a remarqué l’élégance.

Visitée à de rares intervalles, décrite surtout par les missionnaires, on est resté longtemps sans savoir rien de précis sur l’ethnologie du peuple coréen dont l’attitude ombrageuse vis-à-vis des étrangers avait toujours rendu les études difficiles. Dans ces dernières années, quelques voyageurs ont pu pénétrer plus avant dans le pays et donner des renseignements sur la population. Un de ceux qui a le mieux étudié la Corée est certainement M. Maurice

1. Reclus, loc. cit.

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