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Courant, attaché comme interprète à la légation de France, à Seoul pendant plusieurs années[1]. Il nous a fait connaître la littérature, les arts, en un mot la civilisation de ce pays dont il a étudié la langue. Mais, à part quelques opinions émises au cours des récits des voyageurs, on peut dire que tout est à faire en ce qui concerne l’étude proprement dite du peuple, au point de vue anthropologique.

À l’origine, la péninsule comprenait plusieurs États distincts dont les limites changèrent fréquemment. Ceux du Nord, visités de bonne heure par les Chinois, étaient, parait-il, occupés par la race tartare des Sien-pi. Ils furent toujours sous l’influence directe de la Chine dont ils reçurent les institutions civiles et politiques. Ceux du sud, au contraire, subirent pendant longtemps la domination du Japon. Le « Tchao-sien » était un des États du centre. C’est vers le Xe siècle que la presqu’île entière se range sous le même sceptre et devient autonome.

Au XIVe siècle, une révolution ayant renversé la dynastie régnante, le nouveau roi se replaça sous la suzeraineté de la Chine où les Mings venaient de succéder aux Mongols, et l’empereur Thai-Tsou donna au royaume l’antique dénomination de Tchao-sien qui est restée son nom officiel.

Vers la fin du XVIe siècle, Taïkosama, le célèbre dictateur japonais, ayant résolu de conquérir la Chine, voulut d’abord s’assurer l’alliance de la Corée. Mais ayant échoué dans ses tentatives, il entreprit la conquête de la péninsule qu’il ravagea et n’abandonna qu’après avoir forcé le roi à se reconnaître son tributaire. Dès lors, la Corée fut vassale du Japon et dut lui envoyer chaque année un tribut de présents et d’hommages.

En 1637, les Mandchoux étant devenus maîtres de la Chine, la Corée, restée fidèle aux Mings, vit encore ses provinces ravagées par les nouveaux maîtres qui lui imposèrent aussi leur suzeraineté.

En résumé, de même que le Japon, la Corée tient sa civilisation de la Chine, de sorte que l’on peut dire qu’elle en est beaucoup

1. Bibliographie coréenne, tableau littéraire de la Corée, par Maurice Courant, 3 vol. grand in-8, Paris (1894-1896).

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