Page:Bourdaret, Chantre - Les Coréens, esquisse anthropologique, 1902.djvu/13

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plus tributaire au point de vue intellectuel qu’au point de vue politique. Mœurs, religion, institutions, tout est imité de la Chine, sauf pourtant la division en castes qui est propre à la Corée. Et, par ce que l’on a pu voir à l’Exposition de 1900, elle a été une remarquable imitatrice et une fidèle gardienne des arts reçus jadis. Un goût sobre et très sûr se manifeste, tant dans son architecture (le pavillon coréen en a été une preuve éloquente) que dans son industrie artistique : étoffes, céramique, dessins, peintures, sculptures. Suivant M. Maurice Courant, les maîtres coréens, au VIIe et au VIIIe siècle ont été les premiers initiateurs des Japonais.

Si nous ajoutons à cela, que la Corée a possédé une imprimerie et une littérature florissantes, et qu’avant le Xe siècle, les Coréens ont imprimé, au moyen de planches gravées, et qu’en 1403, et peut-être plus tôt, ils ont inventé les types mobiles, ou verra tout ce que ce modeste petit royaume a gagné à nous révéler sa personnalité, en installant à Paris ce pavillon qui nous l’a montré sous un jour si inattendu, et pas le moins du monde « barbare » comme on aurait été enclin de le juger.

C’est vers la fin du IVe siècle que le bouddhisme fut introduit en Corée où il devint la religion officielle. Mais, depuis, le confucianisme y a fait beaucoup d’adeptes qui se recrutent surtout dans l’aristocratie et chez les lettrés. En principe, on peut dire que les idées religieuses des Coréens se rapportent toutes au culte des mânes et des esprits de la nature, terrestres et célestes, lié étroitement à la vie nationale. L’existence entière des grands et des humbles n’est qu’un système compliqué de ce culte rendu aux morts. « L’esprit en l’honneur duquel on célèbre le culte, est en général représenté par une tablette sur laquelle son nom est inscrit et qui, pour l’occasion, est placée sur un trône[1] ». Les sacrifices sont faits, les uns à époque fixe, par exemple à la nouvelle et à la pleine lune, à chaque saison, au printemps et à l’automne sui-

1. M. Courant, loc. cit.

2. Maurice Courant, Sommaire et historique des cultes coréens. Conférence faite au musée Guimet, le 17 décembre 1899.

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