Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/125

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ai demandé à réfléchir, et j’ai réfléchi… Si M. de Longuillon me demande, je l’accepterai… » — « Tu ne feras pas cela ! » s’écria vivement la mère ; c’est de la folie !… » — « C’est de la raison, maman, » dit Béatrice. « Cette conversation avec mon père m’a ouvert bien des jours sur l’avenir. M. de Longuillon appartient à une très grande famille. Mon père tient à cette alliance. Il a tant travaillé pour moi ! Je lui dois de lui donner cette satisfaction… » — « Il m’avait promis de te consulter ?… » fit Mme Nortier. — « Il ne me force pas à ce mariage avec M. de Longuillon, maman, il me le demande. » La physionomie de Béatrice avait exprimé, durant toute cette conversation, tant de fermeté dans tant de tristesse que Mme Nortier n’insista pas. Elle sentait trop le mystère, et elle en avait peur. Quels arguments avait employés son mari pour retourner ainsi ce cœur d’enfant qu’elle savait si sincère, si fidèle, si peu accessible à la misère des vanités sociales ?