Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/39

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à pied dans son parc, le plus délicieux costume de serge rouge qu’ait jamais coupé et soutaché un tailleur pour dames : une blouse rouge avec des galons d’or sous la jaquette ouverte, une ombrelle de nuance assortie et un grand chapeau blanc. C’était une de ces tragiques leçons de choses comme la vie en donne par milliers, — leçons perdues d’ailleurs pour ceux mêmes qui en sont l’occasion prochaine, comme pour ceux qui les regardent, que le tableau de ces deux amants, comblés par la destinée de tous les dons que le monde jalouse, — et ils finissaient ainsi, lui en invalide, elle en « vieille beauté » ! Mais, encore une fois, ni l’un ni l’autre ne songeait à leur commune décadence, et la maîtresse retrouvait un peu de sa grâce d’antan pour dire, en montrant à son ami leur fille en train de marcher là-bas, au fond de l’allée, avec le jeune officier : — « Ah ! Nino, ils seront plus heureux que nous ! Ils pourront s’aimer librement, ouvertement. Que ce doit être bon !… » — « Chère Maddie, » répondit le malade, en se servant, lui aussi, du petit surnom où se retrouvait