Page:Boursault - Théâtre, tome premier, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/293

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FERNAND.

Vous n’avez pris le bras à personne qu’à moi.

CRISPIN.

Et cela vous étonne ? Une tendresse extrême
Rend la fille le pere, & le pere, elle-même :
Entre eux deux la nature est propice à tel point,
Que le sort les sépare, & le sang les rejoint ;
Etant vrai que l’enfant est l’ouvrage du pere,
Sa douleur sur lui-même aisément réverbere ;
Et le sang l’un de l’autre est si fort dépendant,
Que l’enfant met le pere en un trouble évident.

FERNAND.

Il est vrai.

CRISPIN.

Il est vrai.Cependant quoique mon sçavoir brille,
Je veux bien me résoudre à tâter votre fille ;
Votre bras.

LUCRESSE.

Votre bras.Le voilà.

CRISPIN.

Votre bras.Le voilà.Je m’en étois douté,
Il ne vous manque rien que beaucoup de santé,
Sans cela…

LUCRESSE.

Sans cela…J’ai la mort sur le bord de la lévre,
Monsieur.