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la terreur en maécedoine

du lait, de fromage et de pain. De temps en temps-, on sert un peu de viande bouillie avec des pois-secs. Et c’est seulement aux fêtes ou dans les occasions solennelles que l’on voit apparaître le pilau turc ou le grand rôti de chèvre, de mouton ou de porc. La bête cuite en son entier est servie sur un immense plat de bois et découpée par chaque convive qui taille en pleine chair, et selon son appétit, avec son poignard.

Les habitations sont en général d’une simplicité qui bannit le plus élémentaire confort. Des maisons d’argile, peu ou point closes, avec, pour cheminée, un trou au plafond servant à l’échappement de la fumée. Quelques meubles grossiers et absence complète de lits. On couche sur la dure, sur la terre battue, recouverte de nattes en paille tressée, ou de tapis razziés un peu partout. Il n’y a guère, que les harems des beys ou chefs de clan pour offrir, un certain luxe absent des autres demeures.

Le seul besoin de faste et d’ostentation éprouvé par ces montagnards a pour objet la somptuosité, des vêtements et des armes. Mais ce besoin est poussé à l’extrême, et jamais ce demi-sauvage ne trouve qu’il y ait pour lui quelque, chose de trop beau et de trop cher.

Ainsi qu’il vient d’être dit, son hospitalité est digne des temps bibliques, et sa foi à la parole donnée, est proverbiale. Il est, cela va sans dire, superstitieux. Il croit aux vampires, à ces morts terribles et mystérieux qui viennent sucer pendant la nuit le sang, des vivants et les font périr d’épuisement. Il croit aux fantômes, aux sorciers, aux jeteurs de sorts, et parfois, encore aujourd’hui, on brûle tout vifs des vieil-