Page:Boutroux - Études d’histoire de la philosophie.djvu/228

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plus que des êtres fictifs, incapables de nous instruire sur leur nature vraie et sur leur origine. C’est cette raison extérieure qui, voyant en ce monde les méchants prospérer à l’égal des bons, insinue à l’homme que le mal est l’égal du bien, et qu’ainsi l’existence du Dieu de la religion est problématique.

Toutes ces méthodes ont le même vice : elles sont passives et mortes. Elles supposent un objet réalisé et donné, et elles mettent l’esprit, comme un miroir inerte, en face de cet objet. Seule, une méthode vivante peut nous faire pénétrer dans les mystères de la vie. Seul l’être connaît l’être, et il faut engendrer avec Dieu pour comprendre la génération. La vraie méthode consiste donc à assister ou plutôt à prendre part à l’opération divine qui a pour terme l’épanouissement et le règne de la personnalité ; c’est la connaissance comme conscience de l’action : méthode qui, vraiment, va de la cause à l’effet, tandis que toute méthode purement logique, bornée à l’élaboration des données de l’expérience, n’est et ne saurait être qu’un vain effort pour s’élever de l’effet à la cause.

Mais comment l’homme pourra-t-il se placer ainsi au point de vue de Dieu ? Monter jusqu’à Dieu lui est impossible : il n’y a point de transmutation de la créature dans le créateur. Du moins, si l’homme ne peut monter en Dieu, Dieu peut descendre en l’homme. Non que Dieu puisse être évoqué et comme contraint matériellement par les pratiques d’une fausse magie ou par