Page:Boutroux - Études d’histoire de la philosophie.djvu/229

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les œuvres d’une dévotion extérieure. Mais Dieu descend dans l’homme, si l’homme meurt à sa nature innée et corrompue, pour s’offrir à l’action divine. Le Christ l’a dit : « Il vous faut naître de nouveau, si vous voulez voir le royaume de Dieu. » La conversion du cœur dessille l’oeil de l’intelligence. Comme l’homme extérieur voit le monde extérieur, ainsi l’homme nouveau voit le monde divin où il habite. Et ce retour vers Dieu est possible à l’homme, puisque l’homme a été créé à l’image de Dieu. Il n’a qu’à rentrer au plus profond de lui-même, à dégager l’homme intérieur de l’homme extérieur, pour participer à la vie divine. « Considère-toi toi-même, cherche-toi, trouve-toi : voilà la clef de la sagesse. Tu es l’image et l’enfant de Dieu. Tel est le développement de ton être ; telle est, en Dieu, l’éternelle naissance. Car Dieu est esprit, et, de même, en toi, ce qui commande est esprit et a été créé de la souveraineté divine. »

Quand une fois l’homme est ainsi placé au point de vue interne de la genèse universelle, tout ce qui d’abord n’était que voile et fumée interposée entre lui et la lumière, devient symbole transparent et expression fidèle. L’érudition, la Bible, la tradition, les concepts, les phénomènes de la nature, toutes ces choses, mortes en elles-mêmes, s’animent et vivent quand on les regarde avec l’oeil de l’esprit. La parole éternelle qui parle au fond de nous-même nous dit le sens vrai de la parole écrite et sensible. Ce n’est pas tout. Il y a, entre